Si vous aimez un tant soit peut la planète, si vous aimez un tant soit peut votre vie, et vos proche, lisez ce texte et faites le circuler..
PARTIE UNE
> Auteur de
> “ Ishmaël ” et de “ Professeur cherchant élève désirant sauver le monde ”
> (Éditions. J’ai lu),
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> Disponible sur le site http://www.ishmael.com
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> Traduction de Geneviève Lebouteux
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> Daniel Quinn parle de ce texte comme:
> “ Une expression concise du message de base de tous mes livres ”
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> "En 1995, j’ai été invité par une école d’Albuquerque (Nouveau Mexique) qui avait choisi d’étudier Ishmaël comme livre de l’année. On m’a demandé de rencontrer un groupe de professionnels de santé de haut niveau, les responsables de départements du “ Presbyterian Health Care Services ” qui fonctionne comme un système régional d’hospitalisation. J’ai accepté l’invitation mais je me demandais bien ce que je pourrais leur dire qui relève de leurs problématiques professionnelles. Je ne connais rien aux hôpitaux, ni aux systèmes de santé, ni aux professions médicales. Je ne regarde même pas “ Urgences ”.
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> Quand je m’assis avec eux – une vingtaine d’hommes et de femmes – j’ai réalisé qu’ils avaient été profondément remués par mon livre. Mais aucun d’entre eux ne pouvait vraiment expliquer pourquoi ce que disait ce livre était pertinent pour eux, dans leur activité professionnelle. Je pense que ce qui est vraiment ressorti de cet échange était que la lecture d’Ishmaël les avait changés, eux, simplement en tant qu’êtres humains, et qu’ils essayaient d’imaginer comment ce changement pourrait ou devrait les transformer en tant que professionnels de la santé.
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> J’ai peur de n’avoir pas été de grand secours mais je crois que je ne dois pas m’en excuser. Je n’avais aucun moyen de connaître en quoi leurs vies professionnelles avaient besoin d’être changées ; ils étaient les seuls à pouvoir le savoir.
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> J’ai eu une expérience similaire un an plus tard quand on m’a demandé de parler à la conférence annuelle des cadres de la branche conception et production des revêtements de sols d’espaces commerciaux. Ne riez pas. C’est une industrie qui brasse des milliards de dollars – et une industrie qui était à cette époque terriblement polluante, énormément consommatrice d’espace, totalement dépendante et extrêmement gaspilleuse de ressources non renouvelables (surtout de pétrole).
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> Eux aussi avaient été profondément transformés par mon livre, mais la comparaison entre les deux groupes s’arrête là. Ces personnes n’avaient aucun doute sur la façon de traduire ces changements personnels en changements dans leur vie professionnelle. Heureusement car bien sûr je n’aurais pu leur être d’aucune utilité. Ils savaient ce qu’ils devaient changer et ils avaient déjà mis en place une longue série d’objectifs qui avaient non seulement transformé leur industrie mais obligé des industries proches à changer également. Pour maintenir sa position dans cette industrie, des géants comme DuPont ont été littéralement forcés à commencer à réfléchir d’une façon différente, eux aussi.
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> Si on m’avait demandé de m’adresser à un groupe de conseillers en investissements ou à des ingénieurs chimistes ou à des cadres d’une compagnie d’aviation – et je n’aurais exclu aucun d’entre eux – cela aurait été la même chose. Ma tâche n’aurait pas été de leur dire quels changements ils ont à faire dans leur vies professionnelles, parce que je ne connais rien aux investissements, ni au métier d’ingénieur chimiste, ni au management d’une compagnie d’aviation.
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> Avec chaque groupe, peu importe l’objectif ou la profession qui le fédère, ma tâche est la même : renvoyer les gens chez eux avec une nouvelle façon de voir, plus profonde, concernant le problème qui nous rassemble TOUS, tous les humains, quelque soit nos activités – et ce problème est rien moins que la survie de notre espèce.
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> Les gens me demandent souvent si j’ai quelque espoir pour notre survie. Ce qu’ils veulent vraiment savoir, bien sûr, c’est si je peux leur donner, à eux, quelques raisons d’espérer.
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> J’ai de l’espoir, parce que je suis certain que quelque chose d’extraordinaire va se produire à votre époque – dans la vie de ceux d’entre vous qui ont une trentaine ou une quarantaine d’années de moins que moi. Je parle de quelque chose de beaucoup plus extraordinaire que ce qui s’est produit dans MON époque, qui inclut la naissance de la télévision, l’éclatement de l’atome, le voyage dans l’espace et la communication globale, instantanée via internet. Je parle de quelque chose de VRAIMENT extraordinaire.
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> Au cours de votre époque, les individus de notre culture vont imaginer comment vivre de façon soutenable sur cette planète – ou ils ne le feront pas. De toutes les façons, ce sera certainement extraordinaire. Si ils imaginent comment vivre d’une façon soutenable ici, alors l’humanité pourra voir quelque chose qu’elle ne peut pas voir actuellement : un futur qui se déploie en un futur non limité. Si ils ne l’imaginent pas, alors j’ai peur que l’espèce humaine prenne sa place parmi les espèces en voie de disparition, celles que nous poussons à l’extinction, ici, chaque jour – il y en a 200 – chaque jour.
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> Vous n’avez pas besoin d’être polytechnicien pour comprendre la situation. Les professionnels qui prévoient la croissance démographique sont d’accord pour dire que la population humaine va croître jusqu’à dix milliards à la fin de ce siècle. Ce ne sont pas les pessimistes qui l’affirment. C’est une estimation très prudente, récemment reprise par les Nations Unies. Malheureusement, la plupart des gens qui font ces prévisions ont l’air de penser que c’est supportable et sans problème.
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> Voici pourquoi ça ne l’est pas.
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> C’est évident que cela coûte beaucoup d’argent et d’énergie de produire toute la nourriture dont nous avons besoin pour maintenir notre population à six milliards. Mais il y a un coût additionnel, caché, qui doit être compté en “ formes de vie ”. De façon globale, pour maintenir la biomasse que nous représentons à six milliards d’individus, nous devons dévorer 200 espèces par jour – en plus de toute la nourriture que nous produisons d’une façon ordinaire. Nous avons besoin de ces 200 espèces pour maintenir cette biomasse, la biomasse qui est en nous. Et quand nous avons avalé ces 200 espèces, elles sont parties. Eteintes. Disparues à jamais.
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> En d’autres termes, maintenir une population à six milliards d’individus coûte au monde 200 espèces par jour. Si c’était quelque chose qui pourrait s’arrêter la semaine prochaine ou le mois prochain, ça pourrait aller. Mais malheureusement ce n’est pas le cas. C’est quelque chose qui va se produire chaque jour, jour après jour après jour – et c’est ce qui le rend non soutenable, par définition. Cette forme de destruction cataclysmique ne peut pas être soutenable.
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> L’extraordinaire qui va se produire dans les deux ou trois prochaines décennies ce n’est pas que la race humaine va s’éteindre. L’extraordinaire qui va se produire dans les deux ou trois prochaines décennies c’est qu’une grande seconde renaissance va arriver. Une grande et stupéfiante renaissance.
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> Rien moins que ce qui va nous sauver.
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> La première Renaissance, celle dont on vous parle dans les livres d’histoire, a été comprise comme la renaissance de la conscience et de la sensibilité classique. Cela pouvait difficilement être compris à l’époque comme ce que cela fut en réalité : le début d’une ère historique entièrement nouvelle.
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> Des idées médiévales fondamentales ont été abandonnées à la Renaissance, mais elles n’ont pas été remplacées par des idées qui auraient eu du sens auprès des penseurs traditionnels. Au contraire, elles ont été remplacées par des idées entièrement nouvelles – des idées qui n’auraient eu AUCUN sens pour les penseurs du Moyen-Age. C’étaient des idées qui avaient un sens pour nous. En fait, ces idées ont toujours du sens pour nous.
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> La Renaissance (et en fait aussi le monde moderne) s’est produite parce que durant les 14e, 15e et 16e siècles, les idées complexes et interdépendantes du Moyen-Age ont rencontré un défi. La pièce majeure de la complexité de la situation avait trait aux moyens pour accroître les connaissances. Pendant le Moyen-Age, on croyait que la raison et l’autorité étaient les moyens principaux d’acquisition de connaissances. Par exemple, cela paraissait tout à fait raisonnable de supposer que la Terre était un objet stationnaire autour duquel le reste de l’univers tournait.
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> C’était raisonnable – et cela avait été affirmé par une autorité reconnue, le grand astronome du 2e siècle, Ptolémée. De même, il semblait tout à fait raisonnable de supposer que les objets lourds tombaient sur la terre plus vite que les objets légers – et cela avait été affirmé par une autre autorité reconnue, le génial mathématicien Aristote.
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> Mais pendant la Renaissance, la raison et l’autorité ont été renversées en tant que voies du savoir et remplacées par… l’observation et l’expérimentation. Sans ce changement, la science que nous connaissons aujourd’hui n’aurait jamais vu le jour et la révolution industrielle n’aurait pas eu lieu.
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> Au Moyen-Age, on était certain que notre relation avec Dieu était une affaire collective et que seule l’Eglise Catholique Romaine avait le pouvoir de la négocier. Pendant la Renaissance, cette façon de voir a été concurrencée par une toute nouvelle vision des choses, dans laquelle notre relation avec Dieu était une histoire individuelle que chacun de nous pouvait négocier avec Dieu, indépendamment. Dans cette nouvelle façon de voir sont nées le culte et la sanctification de l’individu que nous considérons comme normales de nos jours. Nous nous considérons tous comme valables individuellement et potentiellement fantastiquement puissants – d’une façon qui aurait estomaqué les gens du Moyen-Age.
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> Pendant le Moyen-Age, on croyait que l’univers avait été créé comme un objet fini, seulement quelques milliers d’années plus tôt. Il était fixe, fini et aussi bien connu qu’il était nécessaire. A la Renaissance, au contraire, on a commencé à percevoir l’univers d’une tout autre façon : dynamique, infini, et largement inconnu. C’est ce changement dans les pensées qui a amené non seulement la grande période des explorations mais aussi la grande ère des investigations scientifiques qui a suivi et qui se poursuit aujourd’hui.
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> Tout cela paraît évident de nos jours. Objectivement, le Moyen-Age ne pouvait pas durer éternellement. Evidemment, les choses devaient changer. Mais cela n’était pas du tout évident pour les gens du Moyen-Age. Pour eux, les façons médiévales de penser et de vivre dureraient toujours.
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> Nous pensons exactement la même chose.
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> Comme les gens du Moyen-Age, nous sommes absolument certains que les gens vont continuer à penser de la façon dont ils pensent pour toujours, et que les gens vont toujours continuer à vivre de la même façon.
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> Au Moyen-Age les gens pensaient de cette façon parce que cela leur paraissait impossible que l’on puisse penser d’une autre façon. De quelle autre façon les gens peuvent-ils penser à part de la façon dont ils pensent ? Pour eux, l’histoire de la pensée est arrivée à son terme avec eux. Bien sûr, cela nous fait sourire – mais, en fait, nous pensons exactement la même chose. Nous aussi nous croyons que l’histoire de la pensée s’est achevée avec nous.
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> Et bien, nous ferions mieux d’espérer que nous nous trompons sur ce point, parce que si l’histoire de la pensée s’est achevée avec nous, nous sommes condamnés.
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> S’il reste des gens dans 200 ans, ils ne vivront pas de la façon qui est la nôtre aujourd’hui. Je peux le prédire avec confiance parce que si les gens continuent à vivre de notre façon, il n’y aura plus aucun humain ici dans 200 ans.
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> Mais que pouvons nous réellement changer à notre façon de penser ? Cela nous paraît évident que tout ce que nous pensons est exactement ce que nous devons penser.
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> Les gens du Moyen-Age pensaient exactement la même chose.
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> Même si plusieurs idées fondamentales du Moyen-Age ont disparu pendant la Renaissance, toutes les idées fondamentales n’ont pas disparu. L’une de celles qui sont restées – et elle reste encore aujourd’hui – est l’idée que les humains sont fondamentalement et irrévocablement défectueux. Nous regardons le monde autour de nous et nous trouvons que les tortues ne sont pas défectueuses, que les coqs ne sont pas défectueux, que les jonquilles ne sont pas défectueuses, que les moustiques ne sont pas défectueux, que les saumons ne sont pas défectueux – en fait, aucune des innombrables espèces dans le monde n’est défectueuse, à part nous. Cela n’a pas de sens, mais cette idée a brillamment passé les tests médiévaux de connaissance. Elle est raisonnable – et elle est certainement affirmée par l’autorité. C’est raisonnable parce que cela nous fournit une excuse dont nous avons terriblement besoin. Nous sommes en train de détruire le monde – de le dévorer vivant – mais ce n’est pas de notre faute. C’est la faute à la nature humaine. Nous sommes simplement mal faits, alors à quoi d’autre pouvons-nous nous attendre ?
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> Une autre idée fondamentale qui a survécu au Moyen-Age est celle selon laquelle nous vivons de la façon dont nous sommes censés vivre. Et bien, mon Dieu, c’est tellement évident que nous n’avons même pas besoin de le dire. Nous vivons de la façon dont les humains sont censés vivre depuis le commencement des temps. Le fait que nous ayons commencé à vivre de cette façon seulement très récemment n’a rien à voir. En fait, cela nous a pris trois millions d’années pour y parvenir. Cela ne change rien au fait qu’il s’agit de la façon dont nous sommes censés vivre depuis le commencement des temps. Et le fait que cette manière de vivre rend le monde inhabitable pour notre propre espèce, cela non plus n’a rien à voir. Même si nous détruisons le monde et nous-mêmes avec, notre façon de vivre est toujours celle que nous sommes censés vivre depuis le commencement des temps.
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> En fait, ces deux survivances médiévales sont relativement bénignes. Stupides mais inoffensives. Une autre idée survivante est par contre absolument ni bénigne ni inoffensive. Loin d’être bénigne ou inoffensive, c’est l’idée la plus dangereuse de l’existence. Et non seulement c’est l’idée la plus dangereuse de l’existence, c’est aussi la chose la plus dangereuse de l’existence – plus dangereuse que tous nos armements nucléaires, plus dangereuse que la guerre biologique, plus dangereuse que tous les polluants que nous envoyons dans l’air, dans l’eau et sur la terre.
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> Apparemment, elle a l’air plutôt inoffensive. Vous pouvez l’entendre et dire : “ Ah bon, c’est tout ? ” Elle est plutôt simple aussi. La voici : “ Les humains appartiennent à un ordre de l’existant qui est séparé du reste du monde vivant ”. Il y a nous et puis il y a la nature. Il y a les humains et puis il y a l’environnement des humains.
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> Je suis sûr que c’est difficile de croire que quelque chose qui semble si innocent à entendre puisse être quelque peu dangereux et encore plus difficile de croire que cela puisse être aussi dangereux que je l’ai affirmé.
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