27 août 2009 - De plus en plus de produits nettoyants et hygiéniques portent la mention « antibactérien ». Ces savons, mouchoirs, rince-bouche, crèmes et éponges inquiètent l’Association médicale canadienne (AMC), qui demande au gouvernement fédéral d’interdire leur vente. Ils risquent, souligne l’AMC, de rendre les bactéries résistantes aux antibiotiques.
Ces produits ne seraient d’ailleurs pas plus efficaces contre les infections domestiques que du savon ou un désinfectant à base d’alcool comme le Purell, rapporte le médecin de famille ontarien Kapil Khatter, qui a proposé la motion. En revanche, ils posent problème puisqu’ils contiennent des substances similaires aux antibiotiques médicamenteux. Et si une bactérie devient résistante à ces produits, elle pourrait aussi le devenir aux antibiotiques.
L’AMC n’est pas la première à se pencher sur ce risque. En 2000, relate-t-elle dans le texte de sa motion, l’American Medical Association recommandait de cesser de vendre ce type de produit pour les mêmes raisons. En 2006, c’était au tour de la Société canadienne de pédiatrie de s’en préoccuper. Selon elle, l’usage de ces produits devrait être réservé à des cas particuliers, pour des soins médicaux à domicile par exemple.
De son côté, Santé Canada reconnaît qu’il existe des risques pour la santé publique. Elle recommande, dans une fiche d’information sur la résistance aux antibiotiques, « d’éviter d'utiliser des savons antibactériens et des produits nettoyants qui combattent les bactéries ».
Lire la liste d’ingrédients
Des produits ne portant pas de mention spécifique peuvent aussi renfermer des agents antibactériens. Toutefois, il peut être difficile de savoir lesquels en contiennent, même lorsqu’il y a une liste d’ingrédients. Un même antibactérien peut avoir différents noms, selon la marque du produit. Mais voici quelques termes à surveiller :
le triclosan (un des antibactériens les plus communs)
la chlorhexidine
les ammoniums quaternaires (tels la cétramide, le benzalkonium et le domiphène)
les parachlorométaxylénols (comme le Dettol)
Selon le Dr Khatter, cette vigilance est importante. « Des bactéries qui deviennent résistantes peuvent causer des maladies que nous serions incapables de guérir. »